Derrière moi, c'est le passé. Et devant, c'est l'inconnu.Ah non, ce n'est pas ça !
"Le passé", ce n'est pas assez lourd de sens : le passé peut être joyeux, instructif, horrifiant, enviable, chaotique, vivant... il y a trop de "passés" possibles pour ce que je veux dire. Je veux dire que ce que l'on quitte ne peut plus rien nous apporter, mais ce n'est pas l'immobilisme non-plus. je veux dire .. autre chose.
Et puis d'ailleurs, ce n'est pas l'inconnu qui se dresse devant nous. Bien sûr que non. Nous savons, pour la plupart, ce qui nous attendra une fois que l'on aura touché terre. Le terrain, bien que sauvage, a déjà été balisé. Mais bon, c'est vrai que l'on peut parler d'inconnu. D'ailleurs, je n'y suis jamais allé, donc le terme est adapté.
Mais le "passé" ?...
Quel est donc ce "passé" ? Qu'a-t-il de si effroyable, au point de nous précipiter dans l'inconnu ? Pourquoi est-ce que le bateau va de l'avant ?
Est-ce que l'on va de l'avant parce que l'on n'a pas le choix ? Non. Beaucoup sont restés sur le côté, beaucoup s'écartent de notre chemin. Nous avons le choix de rester ou de partir, ou encore de disparaître.
Est-ce que l'on va de l'avant pour rechercher l'aventure ? ... Pourquoi serait-ce ça ? L'aventure était présente, là-bas. Rien n'était facile, il restait des épreuves que nous n'avions pas surmontées. Les batailles épiques, on pouvait les trouver là-bas. A moins de flatter notre gourmandise, pourquoi aller chercher ailleurs ce que l'on peut trouver chez soi ?
Est-ce que l'on va de l'avant par dégoût du passé ? Peut-être, mais je ne crois pas. Notre passé est chaud et vivant. Et c'est bien de "notre" passé, pas seulement du mien, que je parle. Jadis, ou naguère, nous avons constitué un lien. Pas vraiment un lien fort, mais suffisant pour nous faire apprécier ce que l'on était. Le passé était appréciable ; on était bien, là-bas.
Mais alors, pourquoi le quitter ?!
Pourquoi ce "passé", tellement positif que notre départ en devient inqualifiable ?!
Qu'est-ce qu'il y avait "derrière moi" pour justifier ce départ en bateau vers l'inconnu, vers Norfendre ?
Un passé mort ? Un passé chaotique ? Un passé voué à disparaître ? Un passé irrémédiablement révolu ?
Révolu, certainement.
Mais bon... tout ce qui est passé est révolu. C'est un peu la définition du passé..
Remarque, il y a des choses passées que l'on peut retrouver. En général, je me bats pour pouvoir un jour ranimer le passé, pour ne rien laisser d'irréversible, pour ne pas fermer la page de l'Histoire.
Mais il y a des choses que l'on ne peut plus retrouver.
Nos amis qui sont partis nombreux, on ne peut pas les retrouver tous. Nos ennemis non-plus. Adieu donc, amis et ennemis, Ombres du passé.
...
Voilà !
Voilà ce qu'il y a derrière : des Ombres !
L'ombre d'un ami, formée peut-être par cet ami toujours vivant. Mais peut-être aussi par une combinaison compliquée d'objets et de jeux de lumière. Une ombre, que l'on croit apercevoir du coin de l'oeil, mais qui disparaît dès que l'on tourne la tête en voulant la voir de face.
L'Ombre et le Passé, hmpf... Voilà bien qui est typique d'un Démoniste, diraient certains.
Mais voilà ce qui nous pousse à avancer.
Voilà ce qui nous a amenés sur ce bateau, en route vers ce nouveau continent.
Voilà ce qui nous pousse à affronter des dangers que l'on ne connait pas encore.
Voilà ce qui nous a convaincu d'abandonner l'Outreterre pour se lancer à la chasse.
Voilà pourquoi nous avançons.
Allons, amis !
Amis de Blãckøut, amis d'ailleurs, rivaux d'ailleurs, inconnus d'ailleurs.. peu importe qui.
Que tout le monde sache quelles sont nos intentions !
Nous partons en guerre contre le Roi Liche et ses lieutenants.
Combattez avec nous, sans nous, contre nous... peu importe.
Animés par la flamme du présent, encouragés par les Ombres du passé,
Nous sommes en vogue vers une nouvelle page de l'Histoire !...
Je le suivis.
Pourquoi ? Je l'ignore. Réalité et cauchemar parfois se confondent. Mais je sais que je ne pus résister à son appel. Je devais le suivre, et nous partîmes ensemble vers le Nord... toujours vers le Nord.
...
"Derrière moi, ce sont des Ombres. Et devant, c'est l'inconnu."Je reposai ma plume, en songeant que je ne pourrai pas surpasser ces quelques mots. Et ce jour-là, ce fut une page presque blanche que je rangeai dans mon carnet de bord.
Mer 25 Aoû 2010, 02:07 par Invité